La vérité sur l’Entreprenariat au féminin en France
Passant de 30 à 40% entre le début et la fin du quinquennat Hollande, l’entrepreneuriat féminin aura visiblement connu un bond fulgurant en seulement 5 années. Devant une expansion aussi flamboyante, doit-on croire alors que l’entrepreneuriat féminin ne connaît plus aucun obstacle aujourd’hui ? Bilan.
Entrepreneuriat : une initiative qui séduit les femmes
S’il est un fait incontestable, c’est que l’entrepreneuriat séduit visiblement autant les femmes que les hommes. C’est en tout cas ce qui ressort de la plupart des études se focalisant sur la question. Ainsi, en 2013, le CAS (Centre d’Analyse Stratégique) avait établi par exemple que près de 70% des femmes estimaient que l’entrepreneuriat constituait un excellent choix de carrière. Un an plus tôt, une autre statistique conduite par l’APCE (l’Agence Pour la Création d’Entreprise) révélait quant à elle que 69% d’entre ces dames étaient convaincues que le domaine de la création d’entreprise était plus épanouissant que le salariat. Plus récemment, si l’on en croit les derniers rapports du gouvernement, ce sont près de 18% des françaises (soit environ 5 millions de femmes) qui souhaiteraient monter leurs propres « boîtes ». Un souhait qu’une part conséquente du beau sexe a déjà pu réaliser en 2017 si l’on s’en tient aux chiffres de l’INSEE. En effet, à l’aune des statistiques de cet institut, l’année passée, près de 40% des entreprises individuelles créées le furent par des femmes.
Que cachent ces chiffres sur l’entrepreneuriat féminin ?
Face à ces chiffres flatteurs, doit-on légitimement penser que tout va pour le mieux alors pour la femme aujourd’hui en matière d’entrepreneuriat en France ? Rien n’est moins sûr ! Derrière ces statistiques se cachent en effet des réalités pour le moins contrastées. Ainsi, s’il est bien vrai que 40% des entreprises individuelles créées en 2017 étaient l’œuvre de femmes d’affaires, il faut aussi garder en tête que l’envergure de ces start-ups n’avait pour la plupart rien à voir avec celle des entreprises créées par ces messieurs. Au-delà de la taille, d’autres différences marquées viennent ternir encore ces statistiques flatteuses. On citera parmi celles-ci par exemple le montant du chiffre d’affaires. La plupart des structures mises en place par les femmes dégageaient ainsi en 2013 en moyenne seulement 182 K euros annuel de chiffres d’affaires contre 294 K euros pour les hommes. Par contre, selon une autre étude diligentée par les chercheurs de la Skema Business School, les « boîtes » montées par les femmes entrepreneures présenteraient une profitabilité de 9% supérieure à celles mises en place par les hommes.
Les obstacles auxquels font face les femmes entrepreneures
Si le contraste prévaut encore entre les genres malgré le boom tangible de l’initiative entrepreneuriale chez la gent féminine ces dernières années, c’est parce que certains obstacles ont « la peau dure ». Le plus coriace d’entre eux réside dans l’accès au financement. Les études démontrent en effet que les femmes entrepreneures ont encore malheureusement bien souvent des difficultés à lever des fonds pour financer leurs projets comparativement aux hommes. Ainsi, en 2017, si 2,3% des hommes entrepreneurs se voyaient rejeter leurs demandes de crédits bancaires, pour les femmes, ce taux s’élevait à 4,3%. D’après les spécialistes, bien des choses peuvent expliquer cet écart affligeant. Le sexisme en fait encore malheureusement partie. En effet, de par leur double statut de femme et de mère, certains établissements de crédits ont tendance à douter que les femmes puissent concilier valablement vie privée et vie professionnelle. Pour contourner ces difficultés et soutenir l’initiative entrepreneuriale féminine, divers organismes ont ainsi vu le jour. Parmi ceux-ci on citera par exemple le Fonds de garantie pour la création, la reprise, le développement d’entreprises à l’initiative des femmes ou FGIF. Cette structure a pu en effet aider plus de deux mille femmes à monter leurs propres entreprises depuis sa création en 1989. Dans la même veine, il convient de mentionner aussi par exemple le « Seed Club » qui est un fonds d’investissement encourageant l’entrepreneuriat féminin. Par ailleurs, au-delà de ces structures spécialisées, il faut également reconnaître que l’efficacité de la politique de prise en charge des enfants en bas âge en France a aussi largement contribué à aider les femmes à investir le domaine de l’entrepreneuriat.
Les secteurs d’activités qui plaisent le plus aux femmes entrepreneures
Selon les données de l’APCE, la segmentation de l’entrepreneuriat féminin en France joue en faveur du domaine de la santé. En effet, 63% des entreprises créées par la gent féminine ces dernières années œuvrent pour la plupart dans ce secteur. Après la santé, les entrepreneures françaises s’investissent à hauteur de 55% dans les secteurs liés aux personnes tandis que 42% s’intéressent aux activités de l’enseignement. 37% des femmes chefs d’entreprises quant à elles versent dans le commerce de détail quand 23% préfèrent, elles, s’investir dans l’artisanat.
Paris, la ville qui focalise le plus l’entrepreneuriat féminin
Si elle se positionne à la 6e place des villes qui concentrent le plus de femmes entrepreneures au niveau mondial, à l’échelle nationale, Paris est la première ville de France en matière d’entrepreneuriat féminin. 21% des femmes chefs d’entreprises se concentrent en effet dans la capitale. Divers facteurs expliquent ce dynamisme de la ville des lumières à attirer ainsi les femmes d’affaires. Le plus significatif réside sans doute dans l’existence d’incubateurs d’entreprises comme « Paris Pionnières ». Véritables pouponnières à entreprises, ces structures offrent en effet aux femmes souhaitant s’investir dans la création d’entreprises un soutien tant logistique que technique efficient. Grâce à cette politique de soutien, les femmes d’affaires parisiennes renforcent ainsi leur capacité à mettre en place puis à pérenniser leurs entreprises. Au-delà des incubateurs, l’atmosphère ultra libérale de Paris aura aussi sans doute grandement contribué à encourager la gent féminine à prendre des initiatives. Malgré ces statistiques flatteuses, l’Hexagone a encore toutefois du chemin à faire par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde. En effet, si Paris se targue de concentrer 21% de femmes entrepreneures, aux États-Unis, un fondateur de start-up sur trois est une femme dans les villes de Chicago, Boston ou de la Silicon Valley…